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Relève artistique en jachère

4 Juin 2012 , Rédigé par Samir Ould Ali Publié dans #Culture

Le problème n’est pas tant de savoir si la relève existe que de s’assurer qu’elle est encadrée, organisée ettheatre-enfants.jpg qu’il existe une volonté de jeter les jalons de cette succession. C’est, en substance, ce qui ressort des déclarations de l’écrasante majorité des acteurs du secteur de la Culture à Oran. «Tout le monde le sait et le voit. Le talent et les potentialités existent, ceux qui peuvent reprendre les rênes sont là, mais il faut qu’ils soient pris en charge et encadrés pour répondre présent lorsque le moment viendra», affirment ceux qui, actuellement, animent tant bien que mal la scène culturelle oranaise.

Qu’ils exercent à l’intérieur ou à l’extérieur du système, qu’ils aient le vent en poupe et réussissent à s’exprimer ou, au contraire, sont contraints à des acrobaties pour arracher une scène, un espace, ceux qui portent la musique, le théâtre, le dessin ou le cinéma à bras-le-corps sont unanimes à dire qu’il est temps de mettre en place une véritable politique de soutien à la jeune relève, comme il en existe ailleurs.«Le problème à Oran est que rien n’est fait pour promouvoir cette succession», estime ce jeune metteur en scène autodidacte. «Les anciens rechignent à partager leur savoir-faire et leur expérience, l’administration gère l’immédiat sans réfléchir au futur et les jeunes sont livrés à eux-mêmes. Il n’y a pas d’Ansej (Agence nationale pour le soutien à l’emploi des jeunes, ndlr) pour la culture, voilà le véritable drame de la relève.» Il est vrai que personne n’a jamais entendu parler d’un prêt bancaire ou d’un soutien financier à la création d’une entreprise artistique et actuellement, un tel projet ferait peser de sérieux doutes sur la santé mentale de son porteur.

Souvent mis en avant dans les grandes ou petites occasions (visites présidentielles, commémorations officielles, festivals, semaines culturelles…), les jeunes talents sont très vite rendus à l’anonymat des caves ou des appartements par une administration qui n’a pas encore inscrit le soutien à l’effort artistique sur sa liste des priorités. C’est ainsi que, désespérés de ne pouvoir faire vivre leur art et en vivre, beaucoup échangent leurs rêves contre un taxi ou un travail de bureau (quand il en existe) pendant que d’autres, plus obstinés et moins enclins au renoncement, vont tenter leur chance dans des pays à la fibre artistique plus sensible. «Certains ont même réussi à se faire un nom dans la musique, la peinture ou le théâtre. Ceux-là comme d’autres, en Algérie, qui continuent de se battre seuls, dans des associations ou des institutions, peuvent très bien constituer le noyau de la relève. Mais encore une fois, il faut que cela soit inscrit comme une priorité», affirment des artistes oranais en déplorant que les discours officiels sur la promotion de la culture restent au stade de discours et que l’administration demeure le plus grand ennemi de la promotion artistique. «Jamais, je n’ai connu de direction plus réfractaire aux arts que celle qui gère actuellement les affaires culturelles de la wilaya d’Oran¸ se plaint un acteur associatif qui travaille avec les enfants. «On dirait qu’elle est là pour saper toutes les initiatives, tous les efforts. Comment, dans ces conditions espérer organiser une relève ?»

Comment, en effet, prétendre assurer la relève artistique, lorsqu’on ne permet son expression que du bout des lèvres, du bout des doigts ?

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