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La tolérance et le dialogue pour évoluer vers le meilleur

22 Février 2011 , Rédigé par Samir Ould Ali Publié dans #Actualités

Lors des manifestations du 12 février, nous avons vu des jeunes se faire malmener parce qu’ils brandissaient des pancartes hostiles au pouvoir, des femmes maltraitées parce qu’elles tentaient de défendre leurs enfants, des enseignants bousculés parce qu’ils exhortaient au calme, des journalistes battus, leur carte de presse à la main… Bref, nous avons assisté à des scènes indignes d’une démocratie, que certaines télévisions étrangères amplifièrent, bien sûr, mais que notre unique préféra taire pour mieux manipuler, foulant aux pieds éthique et déontologie.

 

Peu importe, pourtant, que ces mouvements aient été massivement ou timidement suivis et la couverture que les médias nationaux ou étrangers ont assurée ; après tout, et ce n’est pas nouveau, les chiffres comme les images peuvent être manipulés au gré des tendances et des chapelles. Ce qu’il y a lieu de retenir de cette journée est que la tolérance - sans laquelle la démocratie ne peut être - n’a pas été respectée, comme n’a pas été respecté le droit - que la Constitution algérienne et toutes les lois universelles garantissent à tous les citoyens -  d’avoir une opinion différente et de l’exprimer pacifiquement sur la place publique. On peut ne pas être d’accord avec son prochain sur ses revendications, ne pas partager son opinion et sa vision de la vie et même tenter de semer le doute sur la noblesse des intentions (après tout, chacun est libre de penser ce qu’il veut), mais en aucun cas, on ne peut user de la violence, physique ou morale, pour l’empêcher de s’exprimer ; surtout si sa voix et son courage sont ses seules armes.

 

A Oran, comme partout ailleurs où les marches ont été empêchées, de nombreux jeunes ont été ébranlés par la violence de la réaction de la police à une manifestation qu’ils ont voulue pacifique et que - beaucoup le pensaient en tout cas - les plus hautes autorités avaient autorisée en n’interdisant que la marche qui était prévue à Alger : «Nous avons donné instruction de ne pas porter la moindre arme, serait-ce un coupe-ongles !» avait froidement rétorqué l’un des organisateurs de la manifestation aux officiers de police qui tentaient vainement de justifier la violence de la charge des forces de l’ordre par le souci d’éviter les débordements avec des protestataires armés.

 

Il est dommage de voir que, plutôt que d’écouter les voix de la contestation et d’ouvrir les espaces du dialogue et de l’échange, l’Etat préfère l’usage des méthodes musclées qui ont fait leur temps et montré leurs limites. Nous l’avons vu en Tunisie, nous venons de le constater en Egypte : les régimes de Carthage et du Nil n’avaient pas compris qu’on ne peut arrêter l’Histoire en marche, ils l’ont lourdement payé en vies humaines et pertes économiques. La tolérance et le débat étant les seuls moyens d’évoluer vers le meilleur et d’éviter le pire, l’Algérie a, aujourd’hui, une chance unique (qui ne se représentera peut-être pas) d’entrer dans l’Histoire en ouvrant les portes du dialogue. Reste à savoir si elle en a le courage. 

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