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Binoche et Sissako défendent le cinéma africain

18 Mai 2009 , Rédigé par Samir Ould Ali Publié dans #Revue de Presse

C’est au cœur du plus grand événement cinématographique du monde que l'actrice française, Juliette Binoche a choisi de défendre le cinéma africain aux côtés d’Abderrahmane Sissako, président de l’Association des cinémas pour l’Afrique. En effet, pour cette 62e édition du Festival de Cannes, l’actrice et le cinéaste mauritanien sont les parrains du pavillon Les cinémas du monde, dans le village international. Hier , ils ont tenu une conférence de presse à la terrasse du festival pour sensibiliser les professionnels du domaine sur la situation du cinéma africain. Modérée par Jean-Pierre Garcia, directeur du Festival international du film d'Amiens, la rencontre a essentiellement tourné autour du manque cruel en salles de cinéma en Afrique. «Une salle de cinéma par semaine ferme ses portes en Afrique », précise-t-il.
«Les salles emblématiques des capitales africaines ont été détruites ou fermées, comme Le Paris à Dakar, Les Studios à Abidjan ou, très récemment, le Wouri et l’Abbia, les deux dernières salles du Cameroun, qui vient ainsi de rejoindre la longue liste des pays privés de salles de cinéma», soutient-il. Pour pallier ce déficit en lieux de projection de films, le cinéaste mauritanien œuvre, via son association, à la réouverture de certaines salles. Avec le soutien d’Olivier Poivre d’Arvor, directeur de CulturesFrance et d’Elisabeth Tchoungui, journaliste à France 24, il lance donc un projet-pilote de réouverture du Soudan Ciné à Bamako. Fermé depuis quatorze ans, le Soudan Ciné est l’une des principales salles de la capitale malienne. «Ma vocation pour le cinéma est née grâce à cette salle. Elle a été rachetée par un important promoteur qui lui aussi garde des souvenirs d’enfance de ces lieux. Il m’a contacté afin de mettre en place ce projet», dit-il. Pour récolter les fonds nécessaires à la réouverture du Soudan Ciné, il a été décidé de mettre en vente les anciens sièges à 5 000 euros l’unité. Avant même la fin de la conférence de presse, Abderrahmane Sissako a reçu deux chèques. Le premier venait de Gilles Jacob, président du Festival de Cannes et le second de Juliette Binoche qui souhaite donner un coup de pouce au projet et précise que ce n’est pas une opération médiatique. «Il faut en finir avec les discours et passer aux actions concrètes, notamment lorsqu’on connaît le passé entre la France et l’Afrique», défend-elle. En outre, l’Association des cinémas pour l’Afrique prévoit d’étendre ce concept dans tout le continent. «Nous partons d’un projet-pilote au Mali et nous tenterons de le proposer à d’autres pays. Le monde change et il y a à nouveau une dynamique possible notamment avec les nouvelles technologies qui présentent de nombreux avantages pour l’exploitation et la distribution en Afrique», indique-t-il. Enfin, citant le réalisateur burkinabé Gaston Kaboré qui avait dit que «chaque peuple a besoin d’être confronté à sa propre image», Sissako affirme qu’un enfant qui grandit face à un petit écran qui ne montre que les images d’ailleurs n’éprouvera pas de sentiment de fierté vis-à-vis de son pays. Selon lui, «l’acculturation commence là».

(Liberté - 18 mai 2009)    

 

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