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Oran : Sept ans pour séquestration et viol sur mineure

15 Avril 2017 , Rédigé par Samir Ould Ali Publié dans #Justice, #Oran

Le 06 mars 2016, la jeune Bouchra, 15 ans, se présente à la brigade de gendarmerie de Sid El Bachir, vaste agglomération de 100.000 habitants situé à l’entrée Est d’Oran, pour porter plainte contre deux jeunes de son quartier qui l’auraient kidnappée, séquestrée pendant une semaine et violée en groupe.

« Gare au puits !»

Accompagnée de sa mère, Bouchra raconte par le menu son calvaire qui lui vaudra, quelques jours plus tard, d’être internée à l’hôpital psychiatrique de Sidi Chami. Elle affirme que son cauchemar a commencé dans la matinée du 25 février 2006 lorsqu’en rentrant chez sa mère, elle a été interceptée par K. Houari et B. Hadj qui, sous la menace d’une arme blanche, l’obligent à les suivre en direction d’une mansarde située à proximité du cimetière. A une l’intérieur de la pièce, recouverte d’une tôle, se trouve un puits où, dit-elle, Houari jette une pierre en la menaçant de l’y balancer si elle n’obéit pas. Les deux jeunes violent l’adolescente à tour de rôle avant de l’enfermer à clef et de revenir, un peu plus tard, accompagnés d’une quinzaine de complices qui abusent de l’adolescente à tour de rôle. S. Bouchra soutient avoir été retenue du 25 février au 05 mars lorsqu’elle parvient à s’échapper et à se réfugier chez sa mère. Le lendemain, elle se rend à la gendarmerie munie d’un certificat médical qui fait état de la présence de traces de viols avec violences.

Inculpation

Devant les gendarmes, K. Houari, vendeur ambulant de légumes âgé de 24 ans, reconnaît avoir eu des rapports intimes avec Bouchra mais avec le consentement de celle-ci. Il revient sur ces déclarations lorsqu’il est interrogé par le juge d’instruction : «J’étais en compagnie de Hadj et de la fille à proximité du cimetière quand 13 personnes encagoulées nous ont attaqués. J’ai paniqué et me suis enfui en les laissant là. J’étais ivre.» A l’issue de l’instruction judiciaire, Houari sera écroué sous les chefs d’inculpation d’association de malfaiteurs (articles 176 et 177 du code pénal), d’enlèvement de mineur de moins de 18 ans (art 293 alinéa 1) et viol sur mineur de moins de 18 ans (art 336 alinéa 2).

Recherché, Hadj reste introuvable et un mandat d’arrêt est lancé contre lui en avril 2016. Il sera arrêté deux mois plus tard et écroué sous les mêmes charges que son présumé complice Houari.

Contradictions à la barre

Lors du procès, K. Houari clame son innocence et tentera de dépeindre une Bouchera aux mœurs légères qui a l’habitude de «se vendre» ; ce que la présidente d’audience lui interdira fermement en le sommant de répondre aux questions qui lui sont adressées : «J’ai avoué au départ parce que j’ai été frappé mais je n’ai jamais violé cette fille. Je suis analphabète et j’ai signé les PV sans les lire», dira-t-il en substance.

De son côté, B. Hadj, 22 ans et employé dans une usine de plastique, rejette les accusations qui pèsent sur lui et affirmera que le viol et le kidnapping sont une invention de la victime présumée : «C’est une voisine qui a grandi avec ma petite sœur. Le jour en question, j’étais effectivement avec elle et Houari mais je suis parti en les laissant ensemble. Plus tard dans la journée, j’ai appris qu’elle avait fugué avec un certain Lazreg et qu’ils étaient à Mostaganem (wilaya située à 80 km de là, Ndr)et j’ai essayé de la faire revenir», tentera-t-il de se défendre. Mais lorsque la présidente rappellera Houari pour confronter les versions, les deux accusés enchaîneront les contradictions et les propos incohérents.

La défense plaide le complot

Dans un réquisitoire enflammé, le ministère public s’en prendra aux accusés, « voisins violeurs au lieu d’être des voisins protecteurs », et réclamera la peine maximale de 20 ans pour des faits « avérés, prouvés à l’enquête et lors des débats ». Le magistrat regrettera que Bouchra ne « fût pas en mesure de reconnaître les 15 autres violeurs et que les accusés ne les dénoncèrent pas ».

La défense -qui rappellera que Bouchra avait déjà été violée et que son coupable avait dû l’épouser pour éviter la prison- tentera de faire accréditer la thèse du complot: «Bouchra a voulu piéger nos jeunes accusés : soit, ils payaient ou alors elle portait plainte pour viol et kidnapping», a-t-elle affirmé que exhibant le certificat médial du médecin légiste qui « évoque d’anciennes cicatrices et déchirures », stigmates d’anciens viols. Elle mettra également en doute le rapport d’enquête en dénonçant le fait que les photos du lieu présumé de la prétendue séquestration ne montrent pas celui désigné par la victime. Pour finir, elle réclamera l’acquittement des prévenus.

Après délibérations, la cour déclarera les prévenus K. Houari et B. Hadj coupables et les condamnera à 7 ans de prison en accordant les circonstances atténuantes.

S. Ould Ali

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